Entre le vivant et l’inanimé une fine frontière se dessine rendant difficile la tâche de définir concrètement cet espace transitoire. Un récif frangeant est de la sorte, une frontière entre le foisonnement vital des récifs coralliens et la puissance meurtrière des vagues, le récif frangeant  est là pour protéger la faune et la flore marine. Pour sa première exposition à Paris à l’espace Marguerite Charlie, Hendrik González, artiste panaméen aux multiples visages, a décidé de reprendre le motif corallien et de créer un récit gravitant autour de la notion d’entre deux où il joue entre la figuration et l’abstraction. Les dessins minutieux de l’artiste mélangés à des tâches d’encre de chine créent des arborescences qui se propagent tout au long de la toile en laissant de la réserve.     

 

Hendrik González, Récif, 2018

 

Si l’artiste s’intéresse aux coraux c’est aussi par le danger qu’ils encourent face au changement climatique. Leur vulnérabilité tout comme leur résilience attire l’artiste, et ses oeuvres nous interrogent sur l’avenir de ces structures. Inscrit dans la veine des artistes engagés qui questionnent notre rapport à l’environnement, Hendrik González choisit de donner une voix aux coraux en leur accordant tout l’espace pictural; ainsi, ils ne sont pas que des éléments du paysage mais le sujet même de ses dessins.

Son engagement vis à vis de la question écologique prend une forme active lorsqu’il décide d’insérer du plastique issue de la récupération qu’il va coudre à la toile. Ceci donne une tridimensionnalité à son oeuvre qui se transforme en fabrique pour convertir le déchet en oeuvre d’art.

 

Hendrik González, Récif – The Struggle, 2018 – 2019

 

D’un point de vue plus personnel, les coraux et plus précisément les récifs frangeants font écho à la condition d’immigrant de Hendrik González. Ses premières expériences dans le pays ont été marqués par l’impossibilité d’exprimer sa pensée intégralement ce qui créa une barrière entre son environnement et lui même. Le corail se révèle être un symbole entre l’intériorité de l’artiste et ce qu’il véhicule via le langage. D’autre part, les couleurs criardes employés dans le dessin font appel à l’univers chaleureux de l’Amérique Latine tandis que le noir et blanc renvoient à la tradition classique européenne.

 

Hendrik González, Tête de Karet, 2018

 

 

La série “récits frangeants” d’Hendrik González est constitué d’images mentales et paisibles brouillant la limite entre fiction et réalité. Dans cet univers vaporeux et onirique l’artiste fusionne des matériaux et des techniques différentes pour donner vie à une riche mosaïque de motifs coralliens.

Hendrik González, Naissance, 2018 – 2019

 

 

 

 

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